L'espérance est la fleur dont la fraîche couronne
Se déploie aux baisers des brises du matin ;
Dans un ciel embaumé, c'est l'aube qui rayonne,
Annonçant le soleil à l'horizon lointain ;
Au souffle de l'amour c'est l'âme qui frissonne ;
Le rêve maternel sur un front enfantin ;
Au sein de l'ouragan sombre qui l'environne,
Le phare qui flamboie au navire incertain !
C'est le cri du martyr, qui vers le ciel s'élance ;
Le regard attendri que rivent sur la France
L'Alsace au coeur brûlant, Metz à l'âme de feu !
C'est la goutte de miel dans la coupe flétrie ;
Pour le proscrit en pleurs, le nom de la patrie !
C'est la Foi, c'est l'Amour, l'Espérance, c'est Dieu !...
Priez pour paix, douce vierge Marie,
Reine des cieux et du monde maîtresse,
Faites prier, par votre courtoisie,
Saints et saintes, et adressez-vous
Vers votre fils, requérant sa hautesse
Qu'il lui plaise son peuple regardé
Que de son sang a voulu racheter,
En déboutant guerre qui tout dévoie ;
De prières ne vous veuillez lasser,
Priez pour paix, le vrai trésor de joie.
Priez, prélats et gens de sainte vie,
Religieux, ne dormez en paresse,
Priez, maîtres et tous suivant science,
Car par guerre faut que l'étude cesse ;
Moûtiers détruits sont, sans qu'on Ies redresse,
Le service de Dieu vous faut laisser,
Quand ne pouvez en repos demeurer ;
Priez si fort que brièvement Dieu vous oie ;
L'église veut à ce vous ordonner ;
Priez pour paix, le vrai trésor de joie.
Priez, princes qui ont seigneurie,
Rois, ducs, comtes, barons pleins de noblesse,
Gentils hommes avec chevalerie ;
Car méchants gens surmontent gentillesse,
En leurs mains ont toute votre richesse,
Débats les font en haut état montrer ;
Vous le pouvez chacun jour voir au clair,
Et sont riches de vos biens et monnaie,
Dont vous d’eussiez le peuple soulager
Dont pour paix, le vrai trésor de joie.
Priez peuple qui souffrez tyrannie,
Car vos seigneurs sont en telle faiblesse
Qu’ils ne peuvent vous garder par autorité
Ni vous aidé en votre grande détresse ;
Loyaux marchands, la aussi vous blesse,
Fort sur le dos chacun vient presser,
Et ne pouvez marchandise mener
Car vous n’avez sûr passage ni vote,
Et maint péril vous convient-il passer ;
Priez pour paix, le vrai trésor de joie.
L’éternel grondement sinistre de la mer !...
Oh ! Quand te tairas-tu, pauvre grande navrée ?
Quelle est cette douleur inconnue et sacrée
Que sur les bruns coraux roule ton flot amer ?
Les doux gardénias et les roses, dans l'air,
Balancent leurs parfums : vois la belle soirée !
La lune, sur ton sein, du haut de l'empyrée,
Épanche en blancs rayons son rire frais et clair.
Ton âme sans raison sanglote avec la mienne,
O mer, car il n'est rien dont elle se souvienne,
Et mes propres regrets ne l'attendrissent pas.
Car tu n'aimes personne ; et pourtant, moi, je t'aime,
En songeant que peut-être, à cette heure, de même,
Tu pleures avec ceux que je pleure, - là-bas !