il est un goguettier, poète et chansonnier français, il et mort à une date inconnue après octobre 1880.
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Je voudrais chanter pour vous plaire,
Mais je ne l'ose, en vérité ;
C'est que, dans l'état militaire,
Il faut modérer sa gaieté.
Le temps n'est plus où le délire
Dans nos rangs enrôlait toujours
Des phalanges de troubadours
Qui portaient le glaive et la lyre.
Ma nature veut que je rime,
Mais mon métier me le défend,
Hélas ! Il me ferait un crime
Du couplet le plus innocent.
Il me dit : « Vois, cette épaulette
Qui scintille dans l'avenir.
Soldat, si tu veux parvenir
Il ne faut pas être poète.
Sois inculte, on t'élève en grades ;
Prends pour exemples, poursuit-il,
Ceux que tu crois tes camarades,
Ils n'ont pas l'esprit si subtil.
Imite la bête de somme
Qui tend le dos quand on la bat ;
Accepte et la bride et le bât,
Sans songer que Dieu t'a fait homme.
Quand mon froid métier me sermonne,
Je suis abîmé de douleurs ;
Et le pain qu'en France il me donne
Est souvent baigné de mes pleurs.
Faut-il qu'encor je m'abrutisse
Au travail aride, assidu,
Pour obtenir ce qui m'est dû ?
Veut-on m'abreuver d'injustice ?
Quoi ! Vous me parlez de la gloire
De ce long siège où je souffris !
Vain mot, trop ennuyeuse histoire
Qui n'occupent plus les esprits.
Ah ! Oui, tant que la guerre dure,
On exagère nos succès ;
Pauvres troupiers ! En temps de paix,
On nous tire en caricature.
Mais, chut ! Écoutez cette plainte.
De qui vient-elle ? Ah ! J’en réponds,
De gens qui s'enivrent d'absinthe
Pendant que je fais des chansons.
Sur mon compte, ils font une histoire.
Qu'il leur sied bien de me railler !
Moi qui n'emploie à rimailler
Que le temps qu'ils perdent à boire.
Au noir souci l'Amour défend
L'accès de son empire ;
Il aime tous les jeux d'enfant,
Son bonheur est de rire.
Un jour dans ces jolis bosquets,
Pendant la canicule,
Il établit pour ses sujets
Le jeu de la bascule.
Sur un pivot fixe au milieu,
Gardant même distance,
Chaque bras d'un mobile essieu
Obéit et balance.
Là, d'après un bill de l'Amour,
Docile à la cédule,
Chaque couple vient à son tour
Jouer à la bascule.
Chacun se donnant comme il faut
Une secousse prompte,
Tantôt en bas, tantôt en haut,
On descend, on remonte ;
Et, dans l'empire des pours,
Le propos qui circule,
C'est: Ah ! Que ne peut-on toujours
Jouer à la bascule.
Vint une prude à l'air décent,
Ayant fort grande envie
D'essayer ce jeu séduisant
Avec sa modestie ;
Mais on y rit de son maintien ;
Il était ridicule :
Prude au grand jour ne sait pas bien
Jouer à la bascule.
Un lourd Crésus veut enlever
La beauté jeune et fraîche ;
Mais quand il faut se relever,
Sa masse l'en empêche.
Laïs fait payer à Mondor
Sa sottise crédule ;
Il ne peut qu'en la couvrant d'or
Jouer à la bascule.
Certains barons s'y viennent asseoir
Avec jeune friponne :
En voulant le faire mouvoir
Elle le désarçonne ;
Il tombe, et l'écuyer perclus
Sans bruit se dissimule.
Quand on est vieux, on ne doit plus
Jouer à la bascule.
Combien j'ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
Ma sueur, qu'ils étaient beaux les jours
De France !
0 mon pays, sois mes amours
Toujours !
Te souvient-il que notre mère,
Au foyer de notre chaumière,
Nous pressait sur son cœur joyeux,
Ma chère ?
Et nous baisions ses blancs cheveux
Tous deux !
Ma sœur, te souvient-il encore
Du château que baignait la Dore,
Et de cette tant vieille tour
Du Maure,
Où l'airain sonnait le retour
Du jour ?
Te souvient-il du lac tranquille
Qu'effleurait l'hirondelle agile ;
Du vent qui courbait le roseau
Mobile,
Et du soleil couchant sur l'eau,
Si beau ?
Te souvient-il de cette amie,
Tendre compagne de ma vie?
Dans les bois, en cueillant la fleur
Jolie,
Hélène appuyait sur mon cœur
Son cœur.
Oh ! qui me rendra mon Hélène,
Et ma montagne et le grand chêne ?
Leur souvenir fait ton, les jours
Ma peine :
Mou paya sera mes amours
Toujours !
Quant recommence et revient biaux estez,
Que foille et flor resplendit par boschage,
Que li froiz tanz de l'hyver est passez,
Et cil oisel chantent en lor langage,
Lors chanterai,
Et envoisiez serai
De cuer verai :
Ja por rienz nel lairai ;
Car ma dame qui tant est bone et sage
M'a conmandé a tenir mon usage
D'avoir cuer gai.
Cil qui dient que mes chans est remez
Par mauvaistie et par faintis corage,
Et que perdue est ma jolivetez
Par ma langor et par mon mariage
N'ont pas bien sai
Si amoroz assai
Conme je ai
Qui joie maintendrai
Tot mon vivant; ne ja par nul malage
Conment qu'il griet, ne conment qu'assoage,
Ne recrerai.
Li tens d'esté ne la bele saisons
Ne font or pas ma chançon envoisie,
Maiz douz pensé, et jolie raisons ;
Et bone amors qui m'a en sa baillie,
Qui de joie mon fin cuer resemont
Me fait penser à la meillor deI mont :
S'en doist estre mes chanz mout pluz jolis,
Car or endroit chant-je con fins amis.
Et puisqu'amors est ma droite ochoisons,
Je me dois bien tenir à sa maistrie
Qu'ele m'aprent et les chans et les sons,
Et par li est ma pensée jolie.
Quar quant recort les biaux ex de son front,
Et les regart amourouz qui ens sunt,
Lors me confort qu'en pensans m'est avis
Que d'eus me naist, en souriant, mercis.
L'amitié depuis cinquante ans,
Fait de nos cœurs un doux usage :
Elle a réglé nos sentiments,
Ils s'accroissent avec notre âge.
De notre lien,
Sentons tout le bien,
Et serrons l’encor davantage (bis).
Quoique rivales de talents,
Nous avons méconnu l'outrage
Et plus nos succès n’étaient grands.
Plus nous comptions sur nos suffrages :
De notre lien,
Sentons tout le bien,
Et serrons l’encor davantage (bis).
Au temple glissant des hasards,
Tant qu'a duré notre voyage,
Tu me pardonnas mes écarts,
Je te pardonnai d'être sage.
De notre lien.
Sentons tout le bien,
Et serrons l’encor davantage (bis).
Contente d'un peu plus que rien,
Et fière de ton esclavage,
Tu cherchas le suprême bien
Dans ton âme et dans ton ménage.
Mais notre lien
N'en souffrit en rien,
Ah ! Serrons l’encor davantage (bis).
Moi, condamnée à plus d'éclat,
A l'amour, au faste, au tapage.
Je n'ai vu, dans mon célibat,
Que des tourbillons, des orages.
Mais notre lien
N'en souffrit en rien,
Ah ! Serrons l’encor davantage (bis).
En vain nous cherchions le bonheur,
Il fuit l'âme sensible et sage.
Des hommes ingrats et trompeurs,
Que l'amitié nous dédommage.
De notre lien,
Sentons tout le bien,
Et serrons l’encor davantage (bis).
Attaquons ce siècle insipide
Dont le mauvais goût fait horreur ;
Dans le bourbier Aganippide
Allons répandre la terreur ;
Détruisons ce genre hérétique,
Ce mauvais genre dramatique,
Du bon sens aveugle ennemi ;
Et faisons de la populace
Qui croasse au bas au Parnasse,
Une autre Saint-Barthélemi.
Quel est ce poème fantasque,
Dont le mélange maladroit
Tient du tragique le plus flasque
Et du comique le plus froid ?
C'est toi, bâtarde Comédie,
Avorton de la Tragédie,
Qu'on voit triompher aujourd'hui ;
Toi, dont le larmoyant comique
N'a pris de la muse tragique
Que le ton pleureur et l'ennui.
Ni la chaleur, ni l'élégance,
Ni les moeurs, ni les passions,
Ne rachètent l'extravagance
De leurs folles créations.
Un nom caché dans la naissance,
Quelque froide reconnaissance,
Voilà leur éternel refrain !
De cette comédie étrange
Les plans semblent faits par Lagrange,
Les vers, par l'abbé Pellegrio.
Des caractères romanesques,
Des incidents miraculeux,
De grandes vertus gigantesques,
Un fonds d'intrigues fabuleux ;
Un intérêt mince et pénible,
Qui sort d'un roman impossible,
Que peignent ces faibles pastels !
Molière connaissait les hommes ;
Il nous a peints tels que nous sommes :
Ses tableaux seront immortels.
Sors des enfers, vole au Parnasse,
Ombre de Molière, arme-toi !
Sors, viens exterminer la race
De ces déserteurs de ta loi !
Tel que le soleil, sur nos plages,
Devant soi fait fuir les nuages,
Marche, avance à pas de géant ;
Aux traits pressants de ta lumière,
Ils rentreront dans la poussière,
Épouvantés de leur néant.
Révérend Père La Chaussée,
Prédicateur du saint Vallon,
Porte ta morale glacée
Loin des neuf Soeurs et d'Apollon !
Ne crois pas, Cotin dramatique,
A la muse du vrai comique
Devoir tes passagers succès ;
Non ; la véritable Thalie
S'endormit à chaque homélie
Que tu fis prêcher aux Français !